autobiographies #06 | long trajet de nuit

J’avais choisi la couchette du haut parce qu’on y tenait assise, que l’arrondi du toit du wagon n’était pas à portée de main, même en tendant très haut la main, à la différence du milieu et du bas où un ciel de skaï brun-orangé limitait le décor et la respiration – l’avais-je choisie, au fait ? je l’occupais certes, mais à Continuer la lectureautobiographies #06 | long trajet de nuit

#P12 L’effacement du fort de Flémalle

0 Rien, les tranchées dans le sable de la mer du Nord, c’est avec son cousin et ses soldats en plastique. Il veut bien que je joue avec lui. D’abord il faut préserver les constructions et les hommes de l’ensevelissement menaçant et c’est du tranchant de la main écarter le sable fin, le repousser loin, pour dégager le plus humide Continuer la lecture#P12 L’effacement du fort de Flémalle

L#10 : Fumer

Quand a-t-il commencé à fumer ? Cela ne fait pas si longtemps | il se regarde répéter ce rituel : chercher le paquet de Troupes ou de Bastos, en extraire la tige blanche, chercher les allumettes, en protéger la flamme qui vient faire crépiter l’incandescence au sein de la main en coque | il inhale la fumée chaude dans l’air Continuer la lectureL#10 : Fumer

#L8/ Les cavaliers

…et soudain, alors que l’haleine givrait sur le bord des écharpes, leur mère claironna : « C’était un soir… » et toute la fratrie se mit en position, joyeuse, une jambe arquée devant, l’autre tendue derrière, les feuilles mortes collaient aux semelles, gluantes de terre lourde, et dans les mouffles ramenées à hauteur de poitrine, dans cette imitation du geste des cavaliers, Continuer la lecture#L8/ Les cavaliers

#L3 / voix sur voies

Celle qui partCette fois-ci, le voyage n’est pas imaginaire. Le train part, et je suis dedans. Celle qui resteEst-ce que l’odeur des quais de gare change avec le temps ? Une odeur grise de gomme brûlée et de poussière rance, où flottaient dans mon enfance les relents du fioul des michelines. Je regarde le train. La voix…éloignez-vous de la bordure du Continuer la lecture#L3 / voix sur voies

Ouvertures

      Trains en gare files de wagons rangées de fenêtres où se penchent les voyageurs suites d’images brouillées par la vitesse la vie défile les jours se traversent comme le paysage et la nuit veilleur où en est la nuit la nuit dense la nuit profonde quand le voyage doit durer jusqu’au bout de la nuit et que de faibles Continuer la lectureOuvertures

27 septembre 1956, un jeudi

Je respire depuis dix jours à peine, c’est du tout neuf. Hier ou avant-hier on m’a ramenée à la maison dans un panier ou dans les bras sans rien m’expliquer et on m’a déposée dans un petit lit en fer, celui qui a déjà servi à ma sœur. Maintenant je suis couchée dans cette chambre, la plus petite des deux, Continuer la lecture27 septembre 1956, un jeudi

Le vent d’été

      J’ai six ans. Je ne connais pas bien ma grand-mère, je ne l’ai pas vue souvent. Elle nous a invités dans la maison de sa sœur aînée où elle habite depuis la mort de mon grand-père. Par la fenêtre ouverte, pendant le repas, j’écoute le doux frémissement des frondaisons associé pour toujours aux sensations inoubliables de ce jour-là. L’après-midi, Continuer la lectureLe vent d’été

Safety Waterman plume rétractable (1908-1936) – L’intégrale

« Il suffit que nous parlions d’un objet pour nous croire objectifs. Mais par notre premier choix, l’objet nous désigne plus que nous le désignons et ce que nous croyons nos pensées fondamentales sur le monde sont souvent des confidences sur la jeunesse de notre esprit » Gaston Bachelard, La Psychanalyse du feu, 1949 1 Un chapeau           avec un éléphant dedans Je suis Continuer la lectureSafety Waterman plume rétractable (1908-1936) – L’intégrale

Je voudrais…

      Je ne suis pas présente au présent.       Je rêve.       Je n’ai jamais été présente au présent, je suis un personnage de rêve, je mène une vie de rêve, je rêve ma vie et je vis mes rêves, je confonds le jour et la nuit, je ne sais pas si je dors, parfois je sors, je sors d’une Continuer la lectureJe voudrais…