#L3 | respirer

La maison.La maison s’est toute entière concentrée ici, dans la salle à manger où on a installé le lit. Il n’y a plus ni plafond, ni murs, rien n’existe que cette pièce. La maison les contient tous les quatre et absorbe tout ce qui n’est pas souffle, bruissements de draps ou chuchotements. Aucun bruit ne pénètre la pièce qui semble Continuer la lecture#L3 | respirer

#L3 | Chemise blanche

Voisine.
Sa chemise est repassée. Je me demande si c’est lui qui repasse ses chemises. Oui ça se fait. Des hommes. Maintenant. On aurait pas eu idée. Impeccablement. Méticuleusement. De la même façon qu’en ouvrant le verrou, comme pour ne pas l’abimer. Venir ici en chemise blanche repassée, boutons de manchettes et tout. On n’aurait pas idée. J’ai mal aux jambes, l’infirmier doit passer, nouveaux bas de contention. Bien longtemps que je n’ai plus rien repassé. A quoi bon ?
 
Plâtrier peintre.
J’ai repeins sans poser de questions, ça se voit qu’ils ne sont pas manuels ici, m’appeler pour un mur, un seul. Oui il y avait ces tâches. J’en vois tous les jours des murs, de si près que les grosses tâches ne m’abiment plus les yeux, je reste fixé sur le grain, rouleau, pinceau, c’était rien à faire. Payé double pour un mur si petit. Sont pas bien doués, se salissent pas les mains, endimanchés tous les jours. Même ici. Mais tant qu’y a à faire, moi c’est pas mon problème. 
 
Elle.
Il ne m’a pas écouté, toujours trop pressé. Mais qu’est-ce qu’il croit ? Ah oui, Monsieur a étudié, Monsieur est plus malin que tout le monde, Monsieur ose y aller…Avoir une clé ne fait pas tout. Tu l’as eu ta clé, tu es rentré. Débrouille-toi. Habille-toi, je t’avais dit non pas comme ça.. Ces lieux endormis ne collent pas avec ton assurance. Je le sais, mais tu ne veux pas entendre les voix souterraines, les boulevards bien évidents rythment ta vie, tu t’y perds. Il ne faut pas entrer par la grande porte. C’est trop tard maintenant.
 
Bûcheron. BègueMais il pense sans heurts
 Eux… Jamais payé le bois de l’hiver dernier. Mourir d’accord, mais les autres ? Famille, héritage, je ne sais pas, va falloir que j’y aille voir.  Il ne m’a pas remarqué, c’est toujours comme ça, je sais que je me camoufle. Les bois, ça me va bien. Mais une stère est une stère. L’air trop citadin celui-là avec ses souliers vernis, sa chemise blanche et son sac en bandoulière, pas lui qui rentrerait le bois, pour sûr. 

#L3 / voix sur voies

Celle qui partCette fois-ci, le voyage n’est pas imaginaire. Le train part, et je suis dedans. Celle qui resteEst-ce que l’odeur des quais de gare change avec le temps ? Une odeur grise de gomme brûlée et de poussière rance, où flottaient dans mon enfance les relents du fioul des michelines. Je regarde le train. La voix…éloignez-vous de la bordure du Continuer la lecture#L3 / voix sur voies

#L3 Toutes les formes de l’eau

Aujourd’hui à notre étape à l’oasis de Skoura s’est produit quelque chose d’inhabituel. Nous avons tous couru vers l’eau et tandis que les dromadaires buvaient tout leur soûl, nous nous sommes baignés à la tombée du jour dans une liesse et une fraternité difficilement concevable pour qui connaît la routine très réglée de la caravane. Comme je remontais vers le Continuer la lecture#L3 Toutes les formes de l’eau

#L3 Ce qu’ils se disent

Il est entré en disant bonjour, j’ai levé le nez et il m’a paru bien, le jeune. Mais voilà, depuis qu’il est entré, impossible de me rappeler quel est l’atout. La Louisette est venue nous demander qui gagnait la partie et on a répondu que c’était Bernard, mais impossible de me rappeler qui a pris et quelle est la couleur. Continuer la lecture#L3 Ce qu’ils se disent

#L3 | Chemin d’Agoretta

Ses yeux sont encore plissés de nuit tapissés de sommeil lorsqu’elle courbe le dos pour s’incliner, pour voir à qui Robert a ouvert la porte en bas si tôt le matin. La première marche de l’escalier grince, l’une de ses oreilles siffle, un train vient de passer, au ralenti, la gare est juste un peu plus bas, elle ne sait Continuer la lecture#L3 | Chemin d’Agoretta

L#3 Quatre visages

La voyageuse Je suis partie sur un coup de tête. J’avais décidé de tout quitter sans définir le lieu de destination. J’avais décidé de me laisser emporter au gré de l’eau et du vent. Je mesure déjà combien mes carapaces égotiques sont risibles, superflues. En partant ainsi j’ai le sentiment de m’être mise à l’épreuve de l’inattendu et des forces Continuer la lectureL#3 Quatre visages

#L3 | Nous sommes si nombreux dedans

Ils passent si nombreux et disparaissent. N’ouvrez pas plus par pitié. La lumière brutale brûle les fils, elle avale la chlorophylle des ramures. Laissez-moi dans la pénombre, laissez- moi flotter dans le brouillard du feuillage, je ne connais pas les contours, tout se mélange, je me déplace dans les couloirs d’un monde sans lumière/ maintenant et à l’heure/ je devine Continuer la lecture#L3 | Nous sommes si nombreux dedans

#L3 Les oiseaux aux poils trop longs ne peuvent pas voler

Cette fois pas de filtre, pas de lentille, pas de viseur pour cadrer, je veux voir la réalité à l’œil nu, tout imprégner dans ma rétine. Je n’aurais pas pensé que je me sentirais si vulnérable sans mon appareil photo. C’est qui celle-là ? Une colporteuse ? Une vendeuse de tupperwares ? De soutien-gorge ? Non elle n’en a pas l’allure, ce mélange de Continuer la lecture#L3 Les oiseaux aux poils trop longs ne peuvent pas voler