A propos de Helene Gosselin

Un peu de sociologie de l'imaginaire, quelques années de journalisme à Montpellier. Mise au vert en Lozère. Venue ici par un heureux concours de circonstances. M'y accroche. Dévide, fouille, cherche sous les doigts.

#P12 | huit fois  (pour l’instant)

1. La langue du chien a bien failli rester collée. Le sel lui aura brûlé la truffe. Il ne reviendra pas. Les morues suspendues tête en bas, ventre ouvert à l’air marin prendront plusieurs jours pour croustiller sous les doigts. 2. Un groupe de quatre ou cinq, ils ont le bonnet retroussé, le manteau sur l’épaule. Ils chancellent dans la Continuer la lecture#P12 | huit fois  (pour l’instant)

autobiographies #01 | espaces le long de la nationale

Allée de graviers bordant les herbes plus ou moins rases. Des fleurs de trèfle à la lisière. Là, deux terrains de foot, côte à côte sans limites, trop grands pour une poignée d’enfants. Lignes à peine marquées sur le pourtour, cages écaillées sans filet à chaque extrémité, une seule utilisée. L’étendue trop vaste. Poursuivre la passe manquée sur toute la Continuer la lectureautobiographies #01 | espaces le long de la nationale

hors série #voix | combien de fois la brume

C’est une de ces voix qui se perdent dans les foules, une voix moyenne, qui s’évapore dans les bars. Combien de fois répétée dans une journée. Combien de fois la brume sur les cordes vocales, l’éraillement léger de rester dans la gorge, le bourdonnement de cogner sur les dents. Les voyelles s’entremêlent dans l’arrondi de la bouche. Les mots semblent Continuer la lecturehors série #voix | combien de fois la brume

#P11 Les jours de mugissements

Le ronflement du réfrigérateur en sourdine mais toujours présent, une respiration, quelques grincements. Les petits plop irréguliers des pois-chiches qui baignent dans l’eau. Le tintement du four micro-onde, un ding soudain qui perce le presque silence. L’éclatement du blanc d’œuf qui projette le beurre fondu sur les parois de la poêle. Les pas sur la latte du parquet, celle qui Continuer la lecture#P11 Les jours de mugissements

#P10 Les herbes hautes

Il avance devant elle sur le sentier, passe les barbelés et s’arrête dans le champ traversé par un ruisselet. Il laisse aller sa tête à droite et à gauche : Il faudrait que je revienne au printemps. Au printemps. Voir quand le vent fait onduler les hautes herbes, dit-il le bras qui balaye l’horizon. Je croyais que tu n’aimais pas la Continuer la lecture#P10 Les herbes hautes

#P9 A la lumière crue

C’est une photographie carrée en noir et blanc légèrement floue. On y voit une femme de profil, jusqu’aux hanches. Elle est debout devant une maison que l’on devine de plain-pied. Au-dessus de sa tête, un toit de planches blanches, dont débordent des feuilles de bambous. Contre le mur de la maison, à l’arrière-plan, on distingue un escabeau et une chaise Continuer la lecture#P9 A la lumière crue

hors-série #2 | l’insoutenable trahison des collants

Fil de soie … à peine toile d’araignée … transparent … tissé … non-tissé …  framboise … cannelle … chocolat … mousse … champagne … prune … opaque … résille … bas nylon … saphir … avec couture – dessinée à même la peau pendant années de dénuement – talons … pointes renforcées … ventre plat … touché souple incomparable Continuer la lecturehors-série #2 | l’insoutenable trahison des collants

#L8 Images rémanentes

Il est rare qu’elle vienne ici à pied, qu’elle foule cette portion de trottoirs vieux d’à peine quelques années. Cette avenue est un entre-deux, elle n’est pour elle qu’un lieu de décors qui défile sur la vitre du tramway, une fenêtre sur la ville, un fond vert dans un film, il n’a presque aucune réalité en dehors de la toile Continuer la lecture#L8 Images rémanentes

#P8 Tu es beau comme un astre

« Tu es beau comme un astre », dit ta mère en attrapant machinalement le devant de sa robe du dimanche comme elle s’essuierait les mains sur son tablier. Derrière elle, tes deux sœurs pouffent et se bousculent, raidies d’amidon dans leur tenue. Tes frères y sont déjà passés, le grand et l’« attardé », comme disent les voisins qui viennent lui taper dans Continuer la lecture#P8 Tu es beau comme un astre

#L7 Creuser l’écriture

Dans le récit Une femme est arrivée devant la grille d’une grande maison bourgeoise, entourée d’un domaine. Le jardinier est en train d’enterrer une chienne de chasse, tuée dans la nuit par une autre dans le chenil. Une autre femme observe les deux scènes depuis une chambre à l’étage, elle est dissimulée derrière un rideau. Remarques préliminaires sur ce qui Continuer la lecture#L7 Creuser l’écriture