#40 jours #05 | Le souvenir revient

Le souvenir est dans la chambre du fond. Odeur de naphtaline. Du balatum beige. Tapisserie claire à motifs anciens et incertains. Au centre de la pièce un pilier de bois sombre soutient une poutre perpendiculaire qui traverse/renforce le plafond, assez bas. Un petit lustre art déco diffuse une faible lumière orangée. En dessous, une table ronde recouverte jusqu’au sol par Continuer la lecture#40 jours #05 | Le souvenir revient

#40jours #02 | aux marguerites

J’ai beau fouiller je n’ai pas de souvenirs de la vie derrière les fenêtres, aucune présence, aucun contrejour. Il y a bien quelques intérieurs éclairés — mais déserts — à Amsterdam, il y a des mouvements furtifs dans les restaurants chics au bord de Kamogawa à Kyoto, il y a le scintillement des façades américaines mais nous étions toujours trop loin Continuer la lecture#40jours #02 | aux marguerites

#P5 Tout arrêt semble impossible

des médicaments Pain Killers par Kurtis Garbutt CC-BY-SA 2.0 Source : Flickr

Entre mes nerfs, le mensonge éhonté de la peur se propage, car je dois, il est vital et nécessaire de me souvenir de demain. L’impératif brouille les certitudes, les pensées se broient et se désagrègent entre elles. Je me demande souvent – trop peut-être – si… …si je n’ai pas oublié de. Si je n’ai pas oublié de la porte Continuer la lecture#P5 Tout arrêt semble impossible

personnages#9, Pierre Bergounioux Temps référentiel et temps du récit

La périphérie pour les vendeurs forains, leurs camionnettes avec ces immatriculations de loin. Les mêmes depuis longtemps. Celui dont on voit blanchir la moustache, vous vend de ces ceinturons de cuir pour rien, à côté sa femme et des tas de sous-vêtements. Plus loin, une fille, un neveu, un fils, un bric-à-brac de pacotilles et de joujoux plastiques sur leurs Continuer la lecturepersonnages#9, Pierre Bergounioux Temps référentiel et temps du récit

Heldenplatz

La place des héros. Les gens arrivent petit à petit, s’amassent autour de l’estrade édifiée au milieu de cet espace du centre-ville. A l’orée, le grand palais baroque qui borne en courbe cette place monumentale. Escaliers, colonnes, coupoles. Témoins du passé déjà lointain. Ce soir, la place est fermée, barrée, interdite aux voitures. Ce soir, la foule se souviendra d’une Continuer la lectureHeldenplatz

Foule en file (d’escalier à quai)

«  …mais dans une foule les visages ne comptent pas seuls nuques et oreilles ont leur vie propre… » O.  Mandelstam  Ceux qui se sont couverts comme en hiver, et portent un grand froid en dedans.  Ceux qui ont cru apercevoir la pluie dans un nuage et disparaissent dans leurs habits caoutchouteux. Ceux qui se sont glissés dans des étoffes trop légères et remontent leurs Continuer la lectureFoule en file (d’escalier à quai)

#6 il elle fenêtre

parfois la tâche fugitive de son visage derrière le grillage à poule dans le petit rectangle maçonné de sombre entre les pierres sous la montée de grange caché là pour observer à prendre le soleil il ne sait pas encore qu’un jour il regrettera de ne pas avoir quitté sa tanière pour venir l’écouter impossible de fixer un seul des Continuer la lecture#6 il elle fenêtre

Diffraction

     Trains en gare files de wagons rangées de fenêtres où se penchent les voyageurs suites d’images brouillées par la vitesse la vie défile les jours se traversent comme le paysage et la nuit veilleur où en est la nuit la nuit dense la nuit profonde quand le voyage doit durer jusqu’au bout de la nuit et que de faibles lueurs Continuer la lectureDiffraction

#3 cinq fois sur le métier

1 Ovale, presque rond, il tient parfaitement dans la main. Surface rugueuse, granuleuse mais dure du granit dont il est fait. Couleur dominante claire mais ponctuée de petits grains noirs et gris qui lui donnent parfois en pleine lumière un aspect verdâtre. C’est un galet. 2 Sur le rebord d’une étagère de la bibliothèque. Se méfier de sa chute. Un Continuer la lecture#3 cinq fois sur le métier