
en temps de transition numérique, approfondir l’inventaire
– hors série, livres perdus, oubliés, détruits, jamais eus
– hors série, les livres, et les objets qu’on pose devant les livres
– hors série, ma première liseuse numérique
– Anthologie de la littérature française, XIXe siècle
– Adorno, Theodor W, Minima Moralia
– Alain-Fournier, Henri, Le Grand Meaulnes
– Aragon, Louis, Théâtre/Roman
– Balzac, Honoré de, L’Intégrale
– Barthes, Roland, Le plaisir du texte
– Baudelaire, Charles, Petits Poemes en prose
– Beckett, Samuel, Imagination morte imaginez
– Benjamin, Walter, Sens unique
– Bergounioux, Pierre, Aimer la grammaire
– Blanchot, Maurice, Thomas l’obscur
– Bloch, Ernst, Traces
– Bouvier, Nicolas, L’usage du monde
– Broch, Herman, La mort de Virgile
– Cappe, Jeanne, Expériences dans l’art de raconter des histoires
– Castaneda, Carlos, Histoires de pouvoir
– Céline, Cahiers de l’Herne
– Christie, Agatha, ABC contre Poirot
– Claudel, Paul, la Bible et le cadavre
– Cortazar, Julio, Les autonautes de la cosmoroute
– Digraphe, revue
– Duchesne & Leguay, La petite fabrique de littérature
– Echenoz, Jean, L’occupation des sols
– Faulkner, William, As I lay dying
– Flaubert, Gustave, Oeuvres complètes
– Gaffiot, Dictionnaire latin
– Geffroy, Gustave, L’Enfermé, vie d’Auguste Blanqui
– Ginsberg, Allen, Selected Poems
– Grévisse, Maurice Le bon usage
– Jabès, Edmond, El, ou le dernier livre
– Kafka, Franz, Le château
– Kierkegaard, Søren, Le concept d’angoisse
– Koltès, Bernard-Marie, Combat de nègre et de chien
– Lautréamont, Maldoror, et les préfaces du Corti
– Lowry, Malcolm, Under the Volcano
– Mallarmé, Stéphane, Pour un tombeau d’Anatole
– Malot, Hector, Sans famille
– Melville, Herman, Moby Dick
– Michon, Pierre, Vie de Joseph Roulin
– Noël, Bernard, Le 19 octobre 1977
– Norman, Philipp, The Rolling Stones
– Novarina, Valère, Vous qui habitez le temps
– Poe, Edgar, Oeuvres en prose
– Rabelais, le Tiers Livre
– Rimbaud, Arthur, Les Illuminations, fac-simile
– Saint-John Perse, Pléiade
– Schubert, Hannelore, Moderner Theaterbau
– Simenon, Georges, L’intégrale Maigret
– Strindberg, August, Inferno
– Tarkos, Christophe, Anachronisme
– Uexküll, Mondes animaux & monde humain
– Verlaine, Paul, Poèmes choisis
– Verne, Jules, Les 500 millions de la Begum
histoire de mes livres, le principe
Dans Après le livre, puis dans Autobiographie des objets, j’essaye (ou ça essaye dans moi) de trouver quelques points d’appui à la micro-historicité de la transition numérique, sur le fond de la mutation d’une série d’usages liés à l’écriture, à la lecture et aux techniques (l’histoire sur 3 générations des appareils photo ou des appareils radio ou écoute musicale avalée par le seul objet ordinateur, qui avale aussi les livres).
Nous sommes aspirés de plus en plus fluidement dans l’intérieur de cette transition, avec effets chaotiques et tourbillonnaires.
Pourtant, si l’espace des livres présente une telle stabilité imaginaire, c’est pour être relié en tant qu’objet aux différentes strates d’affect et de mémoire. Comment reconstituer (ou simplement n’en pas trop perdre) cette nécessaire mise en espace, avec repères matériels, dans la lecture numérique qui ne propose ni espaces ni repères ?
D’autres modes de présence et de relation émergent : la présence en ligne du chantier, l’échange direct possible, peuvent représenter un de ces modes de substitution à l’ancienne épaisseur du livre ou l’obsolète dédicace.
Où je suis, moi, là-dedans ? Tiraillé ou contradictoire ? Non, plutôt – puisque dans cette même transition – sur un mode d’ambivalence.
Je voudrais inaugurer une série non limitée, basée ici (donc via le web) sur ce rapport matériel aux livres, dans ma propre histoire. Je ne dispose pas – livres perdus, livres donnés ou détruits, livres de bibliothèque – de tous les livres qui ont compté dans mon parcours. Ce sont aussi des livres qui constituent un ensemble restreint, et donc régulièrement rachetés. C’est parfois aussi des achats de hasard, dans une bouquinerie, en tout cas l’histoire aussi du chemin arbitraire qui nous a menés vers eux. Chercher les livres les plus usés. On verra bien. Mais ici ils s’entassent du sol au plafond, et les plus anciens ont toujours traversé tous les déménagements (ci-dessus, un des 7 ou 8 silos) – chaque livre étant le dépositoire de la période où on l’a lu la première fois, et de soi-même à ce moment (sans chronologie précise, de très longtemps à maintenant), en tout cas c’est cela qu’il faudra chercher.
Je souhaite pour cette série une unité par la contrainte photographique. Les livres sont photographiés posés sur fond noir, couverture, dos de couverture, pages de garde, paratexte ou achevé d’imprimer, et mes propres traces graphiques. Pour les maintenir ouverts, le pied à coulisse de mon père : sans doute pour lui le même équivalent symbolique et biographique que pour moi les livres. Donc bien plus qu’un indicateur d’échelle.
FB
L’idée de cette série est venue et doit beaucoup aux discussions accumulées en quelques jours lors de récent séjour aux USA, à Baltimore, Berkeley, Madison et Chicago. Merci à Derek Schilling, Tim Hampton, Josh Armstrong, Alison James, ainsi que leurs collègues et doctorants – et du constat de ces bibliothèques très affectives et sélectives que chacun a pu constituer et trimbaler de poste en poste, de bureau à bureau. Le pitch initial complété par une discussion à l’EnsaPC avec Federico Nicolao sur le livre comme matériau photographique.
– Jérémy Liron, autobiographie des livres ;
– Marc Jajah (antérieur), histoire de mes livres perdus ;
– Eric Schulthess, livres de ma vie
– Véronique Hallereau, le maillage des lectures
– Sabine Huynh, tout ce dont on manque (sur remue.net)
(et n’hésitez pas me signaler vos propres développements...).
1ère mise en ligne 3 novembre 2013 et dernière modification le 9 décembre 2017
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