# P2 | Un cheveu sur la langue

Cheveux, chevelure échevelée part au vent, au vent les cheveux-chevaux dispersés. Cheveux longs, courts, cheveux bouclés, cheveux sont épais crépus lisses cheveux longs devenus courts, les cheveux coupés qui grattent dans le dos, cheveux doux, cheveux secs aussi, les cheveux gras mèches en paquets, les cheveux matière morte. Poils longs cheveux de princesse et cheveux qui n’ont pas de coupe, Continuer la lecture# P2 | Un cheveu sur la langue

Qui, elle ?

Elle arrive quelque part. Arriver et quelque chose dans son corps le porte, l’annonce. Elle est arrivée quelque part. Même si c’est momentanément. Même si c’est un endroit où la mort rôde. Juste en descendant du train en posant son sac à dos sur le quai, qu’elle sache où elle va ou pas. Un bref instant son corps l’affirme, elle Continuer la lectureQui, elle ?

Onde sonore

A contre-courant, tous les jours je longe ce bras à l’endroit où il forme deux coudes. Je ralentis le pas. L’onde sonore des clapotis irrigue une partition abstraite continue qui afflue dans ma tête, sans toutefois s’imposer. Je l’écoute doucement. Le remous palpitant s’étire, ralentit le temps, disperse les humeurs dans mon corps. Je regarde la surface. Une peau fine Continuer la lectureOnde sonore

Et presque dix ans plus tard

…et presque dix ans plus tard, toutes y pensent sûrement un peu, se souviennent que justement, c’était bien peu de s’arrêter à douze mais : elle n’est plus, est décédée, est morte, voilà l’enfance s’arrête et en plusieurs morceaux, leurs doigts jamais ne rassembleront la séparation déjà en amont ; « vous vous vivez les filles et vous devez vivre pour elle », interdits Continuer la lectureEt presque dix ans plus tard

Un sphinx met de la vitesse là où le temps s’est arrêté

Yamen L’enfance satine joues brunes et rondes, supportant sans peine regard de Méduse tagué en bleu. En son for intérieur, un sphinx se prélasse sur les velux d’un pavillon ; il pourrait briser le verre au moindre mouvement. Au bout de la rue couverte, il y a le klaxon. Résonnent murmures en bambara accordés aux pas qui n’évitent pas les flaques, Continuer la lectureUn sphinx met de la vitesse là où le temps s’est arrêté

Est-ce que j’invente ?

Rose et Jack Paris décembre 2019 Couple amoureux sur trottinette électrique, lui derrière l’enveloppe elle de ses longs bras emmanchés dans une veste trois quart en tweed brun, il dirige l’engin, elle a ses mains posées au milieu du guidon, son visage pâle est légèrement penché vers la droite, dans un abandon fragile, ils se déplacent lentement sur la piste Continuer la lectureEst-ce que j’invente ?

Autobus 46

Autobus 46. Direction gare du Nord. Les portes accordéon se replient, pénétrer la masse des troncs bras et jambes imbriqués, pousser pour s’insérer. Si hésitation, poussé on pousse quand même, aussitôt la masse poussée  contre-pousse, un centimètre carré est un centimètre carré, deux forces s’opposent, les entrants ont intérêt à pousser, les déjà rentrés ont intérêt à résister, tout cela se Continuer la lectureAutobus 46

propos sur les bouches qu’on nettoie à la salive, les fémurs et les probablement mortes

c’est un propos de konstantin peterzhak . encore un . c’est extrait du volume 24 des propos qu’il tient au jour le jour à l’époque soviétique . cette fois c’est à moscou . dans la rue . dans le grand froid . tard le soir . cette fois c’est à propos de ses femmes et de ses hommes de cœur . des bouts de femmes des bouts d’hommes qu’il porterait en lui et qui l’auraient fait. c’est en réponse à ce que vient de dire olga bouchoueva . son amie et collègue olga bouchoueva . une fois de plus c’est georgy flyorov qui transcrit . une fois de plus il est impossible de dire ce qui revient à peterzhak ce qui revient à flyorov . la part de réel la part d’invention . c’est une galerie de portraits . le titre est de moi . le volume 24 s’intitule quant à lui CONSIDÉRATIONS SUR LE NEZ DES CHIENS ET LE NEZ DES RATS . ce titre est de flyorov . il rapporte un voyage officiel à moscou . un voyage en voiture . konstantin peterzhak n’arrêtant pas de dire . comme à son habitude . konstantin peterzhak tenant des propos . comme à son habitude . c’est au retour à l’instant de rentrer à Dubna qu’il dit . Continuer la lecturepropos sur les bouches qu’on nettoie à la salive, les fémurs et les probablement mortes

#07 pousser la langue | pas grave

pas grave pas de corps pas grave j’en ai un tout prêt à te donner un corps qui te plaira faut pas le rejeter ça va allez pas grave pas grave ton âme déshabillée voilà le corps confié on en parle à personne personne ne le saura un corps de broc de derrière les fagots qu’à pas beaucoup servi ou Continuer la lecture#07 pousser la langue | pas grave