Un sphinx met de la vitesse là où le temps s’est arrêté

Yamen L’enfance satine joues brunes et rondes, supportant sans peine regard de Méduse tagué en bleu. En son for intérieur, un sphinx se prélasse sur les velux d’un pavillon ; il pourrait briser le verre au moindre mouvement. Au bout de la rue couverte, il y a le klaxon. Résonnent murmures en bambara accordés aux pas qui n’évitent pas les flaques, Continuer la lectureUn sphinx met de la vitesse là où le temps s’est arrêté

personnage#6, fabrique Koltès du personnage

1.1 Ses yeux très bleus comme délavés. Ses cheveux très blancs autour d’un visage de moins de trente ans. En son for intérieur : les ombres profitent de la nuit sur la ville, les vitres du palais d’hiver volent en éclats. 1.2 Son regard vide quand vous le croisez. En son for intérieur : ce gros soleil blanc éblouissant, aveuglant à plisser Continuer la lecturepersonnage#6, fabrique Koltès du personnage

personnages#5, du dialogue à un seul qui parle (Charles Juliet)

Le portillon de fer gris. Des haies très denses, très sombres et taillées strict filent de chaque côté. Écrit sur un panneau « entrée réservée aux visiteurs ». Un petit chemin d’une cinquantaine de mètres, bétonné et encadré d’une pelouse martiale, descend doucement pour se terminer sur le parvis au pied de la porte vitrée de l’établissement. Pas de poignée de ce Continuer la lecturepersonnages#5, du dialogue à un seul qui parle (Charles Juliet)

Ton sourire, l’énigme de ton visage

75 ans, ton visage figé est celui de la mort, visage de marbre blanc, ton sourire à jamais a disparu Ton visage ridé marque ta vie, chaque ride est la trace de ton chemin, ride du temps qui passe, ride de ces dernières années vécues dans ce petit appartement au 6ème étage de l’immeuble face à l’église, ride des douleurs Continuer la lectureTon sourire, l’énigme de ton visage

personnages#2, Saint John Perse, une généalogie au féminin

Celle qui a crié « Vive la République » avant d’être jetée du pont où passait l’Empereur. Celle qui au retour de l’école s’arrêtait très souvent dans la nuit du petit chemin pour frapper très fort entre eux ses sabots. Celle qui s’occupait des vieilles à l’hospice. Celle qui me regarde depuis le fond du XXe siècle avec ses cheveux coupés très Continuer la lecturepersonnages#2, Saint John Perse, une généalogie au féminin

un été, un automne

Ovale, presque rond, il tient parfaitement dans la main. Surface rugueuse, granuleuse mais dure du granit dont il est fait. Couleur dominante claire mais ponctuée de petits grains noirs et gris qui lui donnent parfois en pleine lumière un aspect verdâtre. C’est un galet. 27 septembre 2008 — Temps de l’écriture qu’on s’impose, qu’on devrait s’imposer avec encore plus de rigueur. Continuer la lectureun été, un automne

#12 l’œil intérieur

Assis là, presque en cercle, dans la chaleur de l’été, sous la fraîcheur verte du tilleul. Certains sur les chaises longues dépareillées ; d’autres, les plus jeunes, allongés sur des plaids. Les voitures sont garées à côté. On en voit certains s’apostropher avec le sourire. Ils parlent sans doute léger, se taquinent. D’autres, presque à tourner le dos, s’adressent à leur Continuer la lecture#12 l’œil intérieur

# interstice 2

Il y a cette ruine. Un ancien et petit corps de ferme, à plus de quarante ans de distance. Un printemps pluvieux. Un froid humide nous transperce. Il faut s’abriter pour la nuit. Les bois très verts autour, touffus. Elle nous attend au bord du chemin avec ses pierres noires. Après la montée construite de la largeur d’un char à Continuer la lecture# interstice 2

#11 devenir son propre dictionnaire

1. A cherché à écrire à tout prix. Les tentatives romanesques ont vite tourné court, a lorgné vers les haïkus. Parfois, dans la lignée de Franz Mon, un mot suffisait à son texte. Percuter prétendait-il. 2. L’ami de la campagne, de l’enfance et des vacances. 3. Sur le principe « Des dix mots pour une histoire » des Papous dans la Tête Continuer la lecture#11 devenir son propre dictionnaire

De ses dix-sept ans, il ne se souvient plus de rien

De ses dix-sept ans il ne se souvient plus de rien sauf de cette nuée d’or qu’il aperçut la veille de novembre. Le train l’emmenait en Flandre. Derrière la vitre s’étiraient de longues plaines anthracite, soudain, une ramée l’éblouit. Des peupliers travestis telles des filles de Klimt rutilaient de tous leurs gemmes. Le ciel s’assombrit, une folle rafale les effeuilla, Continuer la lectureDe ses dix-sept ans, il ne se souvient plus de rien